LCA - Luzerne : « L’érosion des surfaces sera limitée à 4 ou 5 % »
Grâce aux aides de la nouvelle Pac et à une décarbonation avancée qui lui a permis de maîtriser ses coûts énergétiques, La Coopération agricole - Luzerne de France pense pouvoir quasiment maintenir les surfaces de luzerne déshydratée.
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Malgré quatre années de sécheresse sur cinq, la production de luzerne déshydratée est quasiment stable avec 755 000 t en 2022. Les surfaces ont progressé de 1,5 % par rapport à 2021, aux alentours de 70 000 ha. « On n’avait pas atteint ce chiffre depuis 2012 », s’est réjouit Yann Martinet, directeur de LCA — Luzerne de France, mardi 14 février, lors de sa conférence de presse annuelle à Paris. Des surfaces maintenues grâce au verdissement de la Pac et une maîtrise des charges énergétiques.
Moins 90 % de GES
Très engagée dans la transition énergétique, la filière a accéléré sa décarbonation. En 2022, deux nouvelles lignes ont été converties pour permettre l’utilisation de biomasse (coproduits d’industries locales) ou de chaleur (incinérateurs) à la place des énergies fossiles. « En deux ans, on a divisé par deux notre poids carbone », se félicite Yann Martinet. De 0,2 t de CO2 émis par t de luzerne déshydratée en 2020, la filière est passée à 0,105 en 2022 et vise les 0,078 pour 2025.
Après plus de quinze ans d’actions, la réduction des émissions de GES a atteint les 90 %. Deux nouvelles lignes seront également converties cette année et marqueront la fin des lignes 100 % fossiles. Des efforts que la filière cherche à valoriser dans ses aliments au travers d’une contrainte « climat ». Elle souhaite également y ajouter un module pour prendre en compte les effets bénéfiques de la luzerne tels que les reliquats azotés et le stockage de carbone.
Des assolements sous tension
Face à la flambée des cours de l’énergie, la décarbonation avancée de la filière a permis de maîtriser les charges. Un avantage qui, combiné avec l’aide couplée de la Pac, « nous a aidés à stabiliser les surfaces », précise Eric Masset, président de LCA — Luzerne de France. Ce qui n’a pas été le cas des autres producteurs européens. Sans aides, l’Espagne a perdu 30 % de ses surfaces. Quant aux Pays-Bas et à l’Allemagne, peu décarbonés, ils ont vu le prix de l’énergie peser sur leur compétitivité. Leurs surfaces ont ainsi chuté de 20 %.
Dans ce marché tendu et avec une production qui n’arrive pas à reconstituer des stocks de plus en plus bas, la France a dû réorienter ses flux en limitant le grand export. Pour Pierre Begoc, directeur de Désialis, premier opérateur européen de produits déshydratés, il y aura deux inconnus cette année : la guerre en Ukraine et la demande chinoise. La disponibilité de la ressource en eau est également préoccupante et la compétition avec les céréales renforce les tensions pour les assolements 2023. Toutefois, malgré ces inquiétudes, « l’érosion des surfaces sera relativement limitée, à 4 ou 5 % », prévoit Yann Martinet.
Des aides encourageantes
Du côté des bonnes nouvelles pour la filière, la nouvelle Pac reconduit l’aide couplée à la production de légumineuses déshydratées avec un montant unitaire prévu à mi-période de 100 à 140 €/ha (contrats de livraison coopératives). De plus, la mise en place de luzerne permet de faciliter l’accès au niveau supérieur de l’écorégime estimé à 82 €/ha sur l’ensemble de la SAU.
Soucieuse de conserver ses surfaces, la profession poursuit également ses efforts pour assurer davantage de valeur ajoutée à ses producteurs. Elle souhaite notamment renforcer sa diversification, avec l’utilisation de luzerne déshydratée pour la santé gastrique des chevaux et des porcs.
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